Retour de la consigne: un levier de transition qui se heurte à quelques obstacles
Dix entreprises se sont alliées sous le nom de France Consigne pour déployer la pratique de la consigne, longtemps perdue au profit des emballages plastique. Par ailleurs, des freins économiques et logistiques freinent encore sa diffusion, bien qu'elle regagne du terrain dans l'opinion des Français·es.
Publié le 13/02/2023 (mis à jour le 20/02/2023)Source: Reporterre / LAVOCAT Lorène, Article “ Plus écolo que le recyclage, la consigne prépare son retour” publié dans la revue Reporterre, le 3 février 2023. https://reporterre.net/Plus-ecolo-que-le-recyclage-la-consigne-en-verre-prepare-son-retour
En France, bien qu’il ait été la norme à l’époque de nos grand parents. Voici le thème traité dans l’article, posant d’abord le contexte d’une redynamisation de cette pratique de la consigne de verre, qui depuis quelques décennies est portée par quelques précurseurs. Cependant, la pratique reste marginale, comme nous le montrent les chiffres en 2022: 1,4 millions de bouteilles ont alors été réemployées par dix opérateurs, soit 700 tonnes environ.
Pour “massifier” cette pratique, dix entreprises de collecte, lavage et redistribution des bouteilles en verre, se sont alliés sous le nom de France Consigne. Clémence Richeux, gérante de l’entreprise “Ma bouteille s’appelle reviens” annonce que 2023 sera une année “charnière” pour la pratique de la consigne.
En effet, la pratique de la consigne répond à plusieurs enjeux majeurs et s’inscrit délibérément dans une démarche de transition écologique, tant sur le plan environnemental qu’économique. En clair, une bouteille en verre consomme 80 % d’énergie et 50 % d’eau en moins qu’une bouteille recyclée de même calibre, auxquels on ajoute les économies en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Sur le plan économique aussi la consigne offre une alternative viable, puisque répond à la pénurie de verre initiée par la crise du Covid, la guerre en Ukraine et aggravée par la hausse du prix de l'énergie, explique Michel Emmery travaillant chez “Rebooteille”. Alternative au neuf, donc, la consigne se voit également soutenue par un cadre réglementaire émergent en faveur de la filière.
La loi AGEC (Loi Anti Gaspillage et Économie Circulaire) votée en 2020 impose en effet à tous les gros producteurs et distributeurs — faisant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires — de réemployer 5 % de leurs emballages en 2023, et 10 % en 2027. Pourtant plusieurs freins à la consigne persistent, et notamment le prix de la bouteille en verre réemployable qui reste supérieur de 10 à 15 centimes par rapport à une bouteille neuve. Son poids plus important du fait de son épaisseur, le fait de devoir changer l’étiquette et enlever la colle sont également des freins à la diffusion de la pratique.
Concernant les consommateurs, 88% s’y disent favorables selon une étude d’Ifop pour WWF France mais la pratique peine encore à s’installer bien que les grandes surfaces rejoignent la liste des enseignes engagées dans cette pratique.
Pour lever ces freins, le réseau France Consigne propose de donner des certificats de réemployabilité aux producteurs respectant un certain nombre de critères comme un format homologué, ou encore une colle hydrosoluble afin de faciliter la réutilisation des bouteilles. Camille Chanson, de l’entreprise “Incassable”, affirme que le chemin de la consigne passera par l’accompagnement des producteurs, le démarchage de nouveaux magasins partenaires et la hausse du taux de retour, tandis que l’État devra également soutenir cette pratique, État encore trop concentré selon Mme Chanson sur les emballages plastique.
Source: Reporterre / LAVOCAT Lorène, Article “ Plus écolo que le recyclage, la consigne prépare son retour” publié dans la revue Reporterre, le 3 février 2023. https://reporterre.net/Plus-ecolo-que-le-recyclage-la-consigne-en-verre-prepare-son-retour